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Femme à effacer

Je prends le temps de regarder les âmes qui sont en train de se passer. Les âmes chaudes, les âmes froides, les âmes étiques, les âmes intactes. Les âmes dépassées. J’y dépense tout mon regard pour y gagner ma vie.

 

Je suis la femme à effacer, la volonté de femme retracée. J’absorbe de loin les autres au dos pensant. Et j’ai frôlé des mots lancinants, des images d’accidents. J’ai emprunté les voies dans le fond des gorges pour délacer les pensées qui se lassaient.

 

S’il te plaît, si ta mine affreuse écrit sur ton cœur de papier, laisse-moi être ta femme à effacer.

Ils chauffent sous les doigts , crèvent sur des bûches en papier.

Ils s’éteignent au non de la loi, crépitent sur des instincts d’envie.

Les mots enveloppes de tous les droits croupissent dans le foyer.

Le courrier brûle des instants de vie.

Je rature, je me réécris pour me lire

Je sature, j’écoule l’encre pour m’élire.

Encore une catastrophe rimée

pour la statue du moi sur le quadrilatère des lignes brouillées.

Des phases qui griffonnent l’âme de ma tête enfouie

sous le cœur trop lâche et sans foi.

Mais je suis phrases,

J’ai besoin d’un tortionnaire,

J’ai besoin du dictionnaire.

Les travailleurs épuisés ferment l’usine du langage,

Leurs sales heures n’ont vomi qu’un vinaigre salaire.

Et une parole mourante au bord de la grève

plongera jusqu’au bord des lèvres

pour se suicider, crevant l’écran,

Star droguée de névrose engloutie par le cran.

Ma peau n’est qu’un ensemble de minuscules détachées

écrasées par des majuscules attachées

Rien n’est effacé, ni la parole de demain,

ni l’écrit d’hier, ni le geste de maintenant,

je suis à vie de mes propos tenancière.

Au-dessous du palindrome ,

Au dessus de l’abréviation,

Délétères lettres de l’Alpha bête

Nous sommes.

Leçon aigue de l’esthète

en pleurs au bout du piano,

Cette syntonie du syndrome du sacrifice,

Distance de la constance,

Nous assomment.