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Reflets

C’est une nuit bleutée pour les papillons du ventre. L’heure sombre déroulée comme un tapis   établissait le saule chasseur ; autrement dit, moi.  L’eau fondait à la noirceur et masquait ses souterrains glorieux, et moi je masquais mes feuillages malheureux.  Je me regarde à son miroir, puis je me garde de revoir. Pourquoi m’acharner à saisir mon regard que je ne vois pas depuis des années ? Pourquoi rêver de mon image alors qu’elle n’est emportée que par le vent ?

Vais-je rester linceul pour le reste de ma vie ? Dans la grande caresse des sons carillons, suis-je une princesse en attente ? Je suis un saule chasseur, pas pleureur. Je préfère laisser noyer ces questions au bord de l’eau.

Je contourne rapidement mes lignages des profondeurs étendus sur l’eau, jusqu’à ce que je vois. Un scintillement niché au coin de mon ombre reflet.  Je scrute le point lumineux qui s’était incrusté en cette voleuse nuit. Que se passe-t-il ? Ce bout de reflet est-il vraiment à moi ? Soudain, d’autres pixels d’eau se mirent à briller, tous en chœur. La lumière vivait, la lumière était moi. Mes feuilles, mon tronc, mon âme. J’étais là, créature flottante sur les eaux glorieuses.

J’ai compris. La lune s’était présentée pour me représenter. La noire nuit foulait ma vie donc je l’avais toujours évitée. Mais la lune ne m’avait jamais oublié. Depuis combien de temps faisait-elle ce manège ? Combien de temps s’acharnait-elle à me ressaisir, me réveiller de mes égards mortels ?

Reflets. Je ne serai pas oublié, et je n’oublierai plus. À l’aube de moi-même, le ventre en papillon, le bleu pastel en forme de nuit, je sais.

Chandeliers

Je veux manipuler le statut. Relancer quelques bouts de personnalité quelque part; et si je diffusais mon statut très quelconque sur Facebook, comme on nettoie nos statues? Comme si je devais apprendre par cœur un oral, je dois rappeler à mon inconscience ma conscience. C’est tout. Je veux manipuler le temps, éponger les gouttes d’eau de trop avec un essuie-tout. Réécrire mes journées passées, les scénariser une nouvelle fois , créer un regard à nouveau dans mon œil peu averti par le courant qui passe et qui se lasse, qui s’en va.

Je m’installe devant mon bureau. Je me pense, et me penche. Dessiner toute la nuit, dessiner toutes les étoiles, toutes les miennes,toute ma mécanique du cœur, comme si le jour et la nuit n’existaient pas, comme si je n’existais plus, définir l’indéfini, l’infini à travers mes coups de poings sur papier, le papier qui ne finit plus, plus de temps pour m’épuiser, épuiser enfin les doutes. Sauf celles de mes chandeliers, mes lumières dans le front, au dessus du front, sous le front, quelques fois vacillantes au front de moi-même.

Effacer les nuits, dessiner une toile. Il sera probablement minuit quand j’aurai fini d’écrire, décrire un peu mon sentimental, oui je calcule encore et encore l’étendue de mes ennuits.

Et le temps s’envole loin de mes chandeliers, et j’ai une pensée vide au bord de mes lèvres, et je m’accroche à mes chevaliers, qui allument la pièce de rêves éveillés.

Et tu l’aperçus

Elle, au coin d’une rue

Elle te glissa entre les doigts

mais se laissa prendre ses droits

car de regards enivrant de douces sœurs

elle ne pût s’échapper, prise de tes yeux accrocheurs

 

 

Et ta tête se démêla et trouva des sorties

Des portes s’ouvrirent  à sa présence

Ton esprit  embué  condensa les évidences :

des possibilités fleurissent à sa prestance

Dépossédée de fols leurres, elle t’enrichit

 

 

Et les secondes ne purent s’ essouffler

ton énergie menait le temps pour insuffler

en elle l’appartenance à ton être, à ton toit

qui recèlent les apparences recrées à ton émoi

 

 

Et ce fut ainsi, jours et nuits, jusqu’à de  longs mois

Elle prit enfin place ,cela marqua le début de l’histoire du quotidien

À l’approche de l’automne donc s’esquivèrent tous les soudains.

 

 

Puis les jours dormirent longtemps

Peu touchée, elle n’en fit rien

Puis les jours devinrent  violents

Près de toi, elle t’offrit tout son soutien

Peu touché, tu  n’en fis rien

 

 

 

 

Et les heures se détachèrent de plus en plus

Tu ne mis plus un seul œil sur elle

Mise à l’écart, que du vide la remplit

Tu la transforma si pâle , elle n’était plus belle

Les murs derrière elle se tapissaient de tristesse

Les murmures derniers de toi furent qu’elle vieillissait

Mal. Et surtout, que tu devais t’occuper de ta maîtresse.

 

 

Son corps baigné dans son silence , immobile,  elle attendait

Encore peignée d’insouciance, tes mains viles qui étendaient

Ses extrémités chaque soir sur le détonateur  d’obscurité.

Elle était si terne, tu songeas pour une fois à la renvoyer.

Tu en avais passé des instants heureux et malheureux

Des instants de bien-être ou bonne routine tous deux

Ce fut la fin en cette soirée. Pour elle. Tu fis tomber

Son rideau et tu baissas le levier pour déclencher

L’événement. Puis de nouveau se cacha dans

l’ombre de la pièce de son possesseur

la chaise.